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Les Entretiens – Club Tina

Pouvez-vous présenter Club Tina ?

Marie : Moi c’est Marie, je suis la cofondatrice de Club Tina, entreprise que nous avons lancée avec Astrid il y a un peu plus d’un an. Nous sommes spécialisées dans la création de textiles pour professionnels. Par “textiles”, nous entendons : vêtements et accessoires, éco responsables et personnalisés. Nous créons et fabriquons des vêtements au Portugal, 100% à la commande, c’est-à-dire que nous n’avons aucun stock. Nous avons dessiné une ligne de basiques – les produits de la marque Club Tina, que nous allons personnaliser aux couleurs des entreprises de nos clients, pour répondre à l’ensemble de leurs besoins et créer une pièce unique à l’image de leur marque, alignée avec leurs engagements. Régulièrement, nos clients ont des stratégies RSE avec des critères différents et nous leur proposons l’offre la plus adaptée en fonction de ceux-ci.

Nous avons également de la seconde main. C’est une offre que nous appelons l’offre revalorisation. Nous personnalisons des textiles existants, des t-shirts à manches courtes et des sweats-shirts à cols ronds, qui ont tous le même modèle, mais qui sont tous différents. Cela permet de créer une pièce unique pour un collaborateur unique.

Dans cette même offre revalorisation, nous avons également une variante qui propose de revaloriser les invendus, soit des fins de stock de l’industrie textile. Notre premier partenaire est Bizzbee – devenu BZB. Ils se sont retrouvés avec une fin de stock de t-shirts et de sweats totalement neutres, sans aucun marquage, et donc très facile pour nous à personnaliser. Avec ces matériaux, nous faisons de la broderie aux couleurs des entreprises. Cela permet d’éviter de créer du neuf lorsque ce n’est pas nécessaire. 

Ces trois offres se complètent. Nous avons des clients qui prennent, par exemple, pour leur équipe, des t-shirts et des pulls de 2nde main parce pour créer une pièce unique pour chaque personne. Parallèlement, s’ils veulent lancer une ligne de produits créés de toutes pièces à leur effigie, nous allons faire fabriquer au Portugal, en réfléchissant pour suivre leurs contraintes, leur direction artistique et leur stratégie.

Qu'est-ce qui vous distingue des autres entreprises ?

Astrid : Nous maîtrisons tout le processus de production. Dans le textile personnalisé, l’ensemble de nos concurrents achètent auprès de grossistes des pièces vierges et viennent apposer le marquage par la suite. Ce que nous avons décidé de faire, en nous positionnant comme durable et éco-responsable, c’est de prendre le contrepied de ce fonctionnement, et de maîtriser l’ensemble du processus de production, pour garantir un maximum de transparence et de qualité. Ce qui fait la qualité du vêtement, ce n’est pas le marquage mais la pièce en elle-même. C’est ce sur quoi nous avons voulu directement nous concentrer avec Marie.

Marie : C’est un marché où il est assez difficile de voir, en tant que client, ce qu’il se passe derrière le produit. Beaucoup d’acteurs achètent des pièces toutes faites et les personnalisent auprès de grossistes, qui eux-mêmes sous-traitent la personnalisation. Concrètement, leur spécialité se rapproche de la logistique, et il s’agit d’un métier très différent du nôtre. Nous nous rendons compte que nous allons dans la bonne direction parce que nous avons de plus en plus de clients qui nous demandent toutes les informations autour de la traçabilité. Nous souhaitons être transparentes sur l’origine de la matière première ou encore sur la teinture. Un grossiste ne sera jamais sûr de pouvoir transmettre ces informations. Aussi, d’un point de vue de création, nous sommes en mesure d’aller bien plus loin : ajouter une poche, rallonger la manche, choisir les modèles… Nous pouvons tout faire. 

Astrid : Lorsque l’on nous demande l’élément différenciant de Club Tina, nous préférons mentionner le fait que nous maîtrisons toute la chaîne de production et une garantie de transparence et de qualité plutôt que notre positionnement éco responsable et durable. Beaucoup d’acteurs se positionnent dans cette ligne. En réalité, ils achètent leur pièces de près de grossistes certifiés GOTS*, font le marquage en France et ils vont parler de Made In France et d’éco responsables uniquement parce que le produit est certifié.

Marie : Les clients sont un peu perdus. Ils ne savent pas vraiment ce que veut dire éco responsable, car il n’y a pas de vraie définition. Alors, nous axons le tout sur la qualité.

Est-ce que vous considérez ce que vous faites comme des produits culturels ?

Astrid : Le textile fait partie de l’industrie culturelle, sans aucun doute. Nous avons également des demandes liées au secteur culturel par des créateurs ou des illustrateurs, qui vont nous demander de lancer une gamme de textiles où nous allons apposer leurs designs.  La direction artistique est au centre de nos développements de collection, autant pour nos clients qu’en interne. Nous voulons que nos produits soient le plus beaux possible, et que les pièces que nous créons pour un client soient imprégnées un maximum de leur direction artistique personnelle. Dans cette mesure, nous participons également à l’industrie culturelle.

Marie : Quand les entreprises travaillent avec nous sur de gros projets, nous demandons à leurs équipes de nous envoyer la plaquette avec leur univers de marque. Cela nous permet de voir toute leur direction artistique. À partir de ces éléments, nous leur proposons soit de personnaliser les pièces de notre collection, soit de créer entièrement leur produit. Nous avons de plus en plus d’entreprises qui nous contactent pour que nous nous occupions de créer leurs vêtements. Eux s’occupent de la partie artistique, du design, des illustrations… Et nous, nous allons créer les pièces qui vont avec.

Quel est le lien entre votre activité et le secteur de l'événementiel ?

Marie : L’événementiel est un secteur qui a des besoins réguliers, et sur des produits différents, qui doivent coller à un univers, à une occasion spécifique. 

De plus en plus d’agences événementielles sont certifiées par des normes ISO spécifiques et veulent s’engager, parce que leurs clients le leur demandent. Je pense que les agences événementielles sont un des premiers acteurs du secteur qui va faire le mouvement vers du plus responsable. 

Astrid : Il y a de nombreuses de questions, notamment sur la réutilisation des produits fabriqués pour un événement précis. Comment valoriser un produit créé pour un événement ? Est-ce que nous ne pourrions pas lui trouver une fin de vie plus stratégique ?

 

Marie : Il s’agit d’un secteur qui consomme beaucoup. Il n’est plus possible, à notre époque, de produire deux-mille t-shirts pour un événement et de ne plus jamais les utiliser le lendemain. Pour cela, nous avons créé des patchs. Ce sont des patchs soit adhésifs, soit thermocollants qu’il est possible de poser sur le vêtement le temps de l’événement. Ensuite, les gens peuvent l’enlever, et pourquoi pas le poser comme un sticker sur un ordinateur par exemple ! 

Astrid : Nous réfléchissons à plusieurs autres possibilités. Nous avions échangé autour de l’idée de faire des bracelets par exemple. Est-ce que nous pourrons faire des bracelets à partir des chutes ? De nombreuses solutions sont encore à créer.

Comment réellement apporter des solutions dans un marché où l’éco-responsabilité et les certifications se multiplient ?

“[....] Le vêtement le plus éco responsable est celui qui durera le plus dans le temps et que vous n'aurez pas à remplacer.”

Astrid : Club Tina s’est basé sur 3 piliers. Le premier : la qualité. Nous voulons retrouver la qualité d’antan, avec l’idée que le vêtement qui sera le plus éco responsable est celui qui durera le plus dans le temps et que vous n’aurez pas à remplacer. Particulièrement dans le vêtement d’image et le vêtement professionnel, comme la restauration et l’hôtellerie. Pourquoi renouveler tous les ans des t-shirts, même certifiés GOTS, mais troués au bout d’un an, alors qu’il est possible de faire un t-shirt que vous allez garder 10 ans ? 

Marie : Même d’un point de vue de financier pour les clients, il est plus intéressant de se positionner dans cette stratégie.

Astrid : Ensuite, notre second pilier : le lieu et les conditions de production. Nous avons voulu tout faire au plus proche. Aujourd’hui, produire en France est compliqué, car c’est extrêmement coûteux, et parce que l’industrie textile a plus ou moins disparu en France. C’est pour cela que nous produisons au Portugal. Nous nous assurons aussi que nos matières soient tricotées, tissées, et teintées au Portugal. 

Notre troisième pilier est la production à la demande. Notre principe est de ne produire que ce qui sera porté, pour éviter le gaspillage et la surproduction.

Au-delà de ces piliers fondateurs, nous essayons aussi quotidiennement d’avoir encore moins d’impact lorsque nous lançons des productions. Nous recherchons quotidiennement des solutions sur les matières, le packaging… Il s’agit d’un travail régulier de réflexion pour améliorer notre gamme et avoir le moins d’impact possible.

Marie : Nous nous adaptons. Nous avons une position d’accompagnement avec les clients, en partant de leurs besoins et de leurs contraintes. Qu’est ce qui a le plus de sens avec ces éléments ? Par exemple, les vêtements de restauration doivent être en tissu anti-feu, ce qui implique que nous ne pouvons pas proposer l’offre de seconde main.

Astrid : Nos clients viennent beaucoup parce qu’ils veulent produire intégralement Europe – ce qui est compliqué sur notre marché, puisque quasiment tous les acteurs achètent auprès de grossistes qui produisent au Bangladesh. Aujourd’hui nous sommes les seules à tout produire en Union Européenne. Et nous sommes les seules à avoir ces offres de revalorisation et seconde main. Sur le marché actuel, nous sommes les plus durables.

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